Papotage #5 : Il était une fois, les raisons de s’auto-éditer

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Vous avez été nombreux à vous questionner lors de mon dernier article sur l’auto-édition. Vous questionner très justement par rapport aux raisons de se tourner vers l’auto-édition. En effet, ce type d’édition souffre encore aujourd’hui d’une vision assez négative, à l’instar d’un « salon des refusés » de l’édition « traditionnelle ». Ensuite, on apprend de plus en plus souvent que des ouvrages initialement auto-édités sont édités de manière « traditionnelle » après un succès remarqué en auto-édition. De cette façon, les questionnements sont nombreux : pourquoi passer par l’auto-édition si le but est d’être publié de manière « traditionnelle » ? Pourquoi se « dévaloriser » par l’auto-édition ? Pourquoi ne pas s’adresser directement à l’édition « traditionnelle ?

Toutes ces questions sont légitimes et méritent qu’on s’y intéresse quelques instants. Je ne prétends pas connaître tout de l’auto-édition, je vous réponds ici avec mon petit savoir nourri de mes interviews et recherches sur le sujet. Il faut savoir, avant de commencer, qu’il n’existe pas une seule raison de s’auto-éditer, à l’instar qu’il n’existe pas une seule et unique chaîne du livre auto-édité. Les business model sont nombreux, il n’est plus uniquement raison d’édition « traditionnelle » et de chaîne figée comme précédemment (mais cela relève d’un autre sujet, que je pourrai également vous expliquer prochainement). Je dirais donc qu’il existe 3 grosses raisons de passer par l’auto-édition.

Tout d’abord, l’auto-édition permet de se faire connaître de l’édition « traditionnelle ». Mais, me direz-vous, tout cela est bien contradictoire ! En effet, passer par l’auto-édition signifie clairement « refuser » le concept « traditionnel » d’édition. Mais, il est évident que passer par l’auto-édition est une porte d’entrée vers l’édition « tradi » et il est évident aussi que se faire éditer de cette manière reste un but ultime à atteindre pour les auteurs, une sorte de reconnaissance, synonyme de réussite et peut-être de lectorat plus nombreux. Le tampon d’une maison d’édition reste un gage de qualité pour la plupart des lecteurs. Alors, me direz-vous, pourquoi ne pas s’adresser directement aux maisons d’édition en envoyant son manuscrit, à l’ancienne ? Et bien parce que cette manière de procéder est de moins en moins prisée par les maisons d’édition. Certaines refusent même, tout simplement, ce genre d’approche. Il est devenu difficile pour certains éditeurs de gérer le flux constant de nouveaux manuscrits. Puis, il faut être honnête, publier un nouvel auteur est une prise de risque plus grande pour les maisons d’édition. De cette manière, certains éditeurs procèdent désormais de 3 façons pour découvrir et publier de nouveaux auteurs :

  • Ils exercent une veille active sur les plateformes d’auto-publication, dont particulièrement le top 100 d’Amazon ;
  • Ils entretiennent des relations étroites avec certaines plateformes de services d’aide à l’auto-édition, comme Bookelis ou Librinova (attention, celles-là ne sont pas du compte d’auteur, il faut être vigilant !) ;
  • Ils achètent des ouvrages étrangers qui ont particulièrement fonctionné et assurent la traduction.

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Ensuite, l’auto-édition permet de contrôler totalement sa chaîne du livre et de percevoir une plus grosse partie de ses droits d’auteur. Par contrôler sa chaîne du livre, j’entends décider seul du fond et de la forme de son livre. Evidemment, cette liberté est à double tranchant ! Mais être auto-édité ne signifie pas être seul, dans son coin. Les auteurs sont parfois très entourés, ils se constituent leur propre équipe, leur propre comité de lecture avec des bêta-lecteurs. Ensuite, percevoir une plus grosse partie des droits d’auteur est également une raison de se tourner vers l’auto-édition. En effet, un auteur auto-édité perçoit (sur les principales plateformes d’auto-publication de type Amazon KDP), 70 % des droits d’auteur sur l’ouvrage numérique (selon le prix de vente). Sur le format papier, les marges sont différentes et dépendent du prix de vente fixé par l’auteur. Pour info, les droits d’auteur sont entre 8 et 10 % dans l’édition « traditionnelle », en tout cas pour le format papier. L’auteur est celui qui gagne le moins dans tous les intervenants de la chaîne ! Certains auteurs gagnent donc très bien leur vie en auto-édition et parfois mieux que certains auteurs édités « traditionnellement ». Maintenant, il ne suffit pas de mettre son bouquin en ligne sur Amazon pour qu’il se vende. S’il est criblé de fautes et si la communication à son sujet est inexistante, nul besoin de rêver. Je vous en parlais dans cet article, la communication est indispensable à un auteur auto-édité !

Pour finir, l’auto-édition permet également d’être lu, sans devoir attendre qu’un éditeur s’intéresse à nous. En effet, s’auto-éditer sur des plateformes du type Amazon permet à tout un chacun d’être présent à côté des plus grands auteurs, sans aucune barrière ou différence associée. Elle devient donc un moyen pour chacun de se faire lire et d’avoir des retours d’inconnus sur ses écrits. Evidemment, l’auto-édition est parfois un choix par défaut fait par certains auteurs ayant tenté sans succès l’aventure de l’édition. Mais je ne pense pas qu’il faut voir ici uniquement cette catégorie d’auteurs. Je pense que certains voient en l’auto-édition un moyen de tester leur ouvrage, de se constituer une communauté avant de tenter l’aventure de l’édition « traditionnelle ». D’autres y voient un moyen de publier « tout et n’importe quoi », moi, je suis moins catégorique. Mon avis est sensiblement toujours le même que celui exposé dans mon article de soutien au hashtag JeudiAutoEdition.

Vous le remarquez, les raisons de s’auto-éditer sont bien plus nombreuses que seulement sortir ses vieux manuscrits du tiroir. Il en existe certainement encore d’autres, chaque auteur ayant sa propre raison de se tourner vers ce type d’édition. J’espère tout de même avoir un peu éclairé votre lanterne sur le sujet !


 

Je vous parle d’un temps – La Pieuvre

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Aujourd’hui, je vous écris pour vous parler d’un recueil de nouvelles que j’ai été plus que ravie de découvrir en à peine quelques heures. Je remercie les 12 autres de ce joli projet de m’avoir proposé de le lire car j’ai passé un excellent moment avec leurs différentes plumes.

« Je vous parle d’un temps » est un projet solidaire mis en place par 12 auteurs auto-édités qui écrivent sous le pseudonyme commun de « La pieuvre » et dont les bénéfices générés seront reversés à l’Association des Lauréates de la Fondation ELLE œuvrant pour l’émancipation des femmes. Voilà donc une excellente raison de vous procurer cet ouvrage disponible à mini prix.

Mais, me direz-vous, pourquoi devons-nous le lire ?

C’est bien simple, parce que moi qui croyais ne pas du tout accrocher à format de la nouvelle, j’ai été conquise. Alors oui, j’ai déjà lu quelques nouvelles dans ma vie, mais ce n’est pas un genre vers lequel je vais habituellement. Du coup, quand j’ai eu cet ouvrage entre les mains, j’étais intriguée de savoir si j’allais accrocher ou pas. Et la réponse est positive. Bien entendu, je connaissais certains auteurs présents dans cet ouvrage, mais je dois avouer que tous m’ont touchée d’une de manière ou d’une autre, ce qui est assez rare pour être souligné vu que cela est rarement le cas.

Toutes ces nouvelles, vous l’aurez deviné, parlent du temps qui passe, qui est révolu ou encore qui est à venir. Chaque auteur, de par sa plume personnelle, traite le sujet avec beaucoup de talent. J’ai trouvé l’agencement des nouvelles parfaitement pensé. On passe avec plaisir d’un monde post-apocalyptique à une histoire contemporaine. Il est évident qu’il y en a pour tout le monde dans cet ouvrage et je salue le travail de chaque auteur. On ressent comme un lien d’amitié entre chacune de ces histoires et ça, c’est très beau.

J’ai eu un petit faible pour la toute première nouvelle, celle de Solenne Hernandez qui conte l’histoire de Rose et Garance et qui m’a juste éblouie de par sa magie et sa singularité. J’ai retrouvé un peu de la poésie de Mathias Malzieu dans cette nouvelle et j’ai juste été conquise. Elle ne m’a que donné encore davantage envie de lire la suite.

Vous l’aurez compris, je ne soutiens pas seulement ce projet parce qu’il est solidaire et qu’acheter cet ouvrage vous permettra de faire un geste pour une bonne cause mais aussi parce que l’auto-édition y est mêlé ce qui rend ce projet encore plus beau. J’espère que vous vous laisserez tenter par cette découverte et j’espère que comme moi, vous ne serez pas déçus par ces différents voyages à travers le temps !

12 nouvelles, 12 univers, 12 auteurs

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Malgré les bombes – Albine Tangre

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Encore une chronique d’un roman auto-édité. Celui-ci me tenait tout particulièrement à cœur étant donné que je connais Albine Tangre suite à notre participation aux premiers concours de la plateforme d’écriture Fyctia ! Albine était même arrivée en finale grâce à l’une de ses histoires. Suite à cette aventure, nous avons gardé contact et quand j’ai vu qu’elle proposait à des blogueurs de lire un de ses œuvres, j’ai sauté sur l’occasion de découvrir celle-ci qui se déroule principalement pendant la Seconde Guerre Mondiale, une époque de l’Histoire qui me fascine particulièrement.

Dans ce livre, nous suivons l’histoire de plusieurs femmes à différentes périodes du temps, même si la plus grande partie du récit se déroule dans les années 1940. Cette histoire nous dépeint, sous forme de journal, la vie de Lison qui, suite au départ de son mari pour la guerre va se retrouver à travailler pour les Allemands et à craindre particulièrement tous les jours pour sa vie. Pourquoi, me direz-vous ? Et bien parce que Lison est juive et que son mariage avec Roger l’a protégée de la déportation.

Toutefois, rien ne va se passer comme prévu et il se pourrait bien que Lison tombe sous le charme d’un jeune et beau Allemand ce qui risque bien de compromettre tous ses plans.

J’ai trouvé l’histoire extrêmement bien contée et vous savez comme je suis devenue exigeante à ce niveau ces derniers temps. Voilà une année que je n’ai pas lu de récit d’Albine et je trouve que sa plume s’est magnifiquement transformée avec le temps.

J’ai toutefois trouvé que certaines parties de l’histoire était un peu trop rapide. Je n’aurais pas été contre certaines pages d’explication et de mise en contexte. Autant le roman se dévore en quelques heures, autant j’aurais vraiment aimé quelques pages de plus pour véritablement me fondre dans la période qui est une époque de l’Histoire qui, selon moi, demande de nombreuses mises en contexte et explication.

Quoiqu’il en soit, je vous  conseille vivement ce roman qui a été une sublime découverte pour moi ! N’attendez pas !

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Secrets Mortels : L’intégrale – Sam Carda

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Je clôture avec Sam Carda ma troisième lecture auto-éditée. Alors j’avoue, j’ai laissé traîner celle-ci un petit moment. Non pas parce que le roman était mauvais, loin de là. Seulement, j’avais reçu de la part de l’auteur l’ensemble des trois saisons qui composent sa série « Secrets Mortels » et j’ai préféré faire une pause entre tous les tomes afin d’éviter l’overdose (ce qui serait un comble vu la nature du texte !)

J’aimerais beaucoup vous dresser rapidement le topo de l’histoire, mais je dois être honnête, je préfère vous en laisser la totale surprise et surtout, il serait tellement compliqué de résumer ces trois romans étant donné le nombre de rebondissements qui peuvent avoir lieu d’une page à l’autre.

Quoi qu’il en soit, j’ai passé un très bon moment avec la plume de Sam et la foule de personnages qu’il nous présente dans ces trois saisons ! Il est vrai que ces romans traitant d’histoires de famille, les retournements de situation sont parfois nombreux, peut-être un peu trop. J’avoue, alors que j’étais très assidue pour les deux premiers tomes, j’ai eu parfois un peu de mal à certains endroits vers la fin de la saison où les sauts dans le temps sont nombreux. J’ai parfois dû m’accrocher pour rester dans la course.

Toutefois, malgré ces éléments de l’histoire qui ont pu me perturber, je trouve que pour un roman auto-édité, le travail orthographique et de structure du texte est très bon ! Il est important de le souligner car Dieu sait qu’un roman peut contenir de nombreuses fautes s’il n’est pas travaillé correctement, que ce soit un roman auto-édité ou édité de manière « traditionnelle » d’ailleurs. Je n’incombe pas l’Auteur, seulement tout le monde sait que à force de rester sur le même texte pendant des mois, on en vient à ne plus déceler ses erreurs. Je me dois toutefois de pointer deux fautes, les mêmes, qui m’ont fait piquer les yeux. Le fameux « vielle » sans ses deux béquilles (ii). Mais rien de plus alarmant à ce niveau ! Mes amies diraient que vous êtes chanceux, Monsieur Carda, car je suis connue pour être une ortho-freak (j’assume le terme !). Je vais essayer d’éviter d’en cribler ma chronique, j’aurais l’air bien bête !

Un autre élément m’a peut-être un peu perturbée pendant ma lecture. En effet, nous nous retrouvons à suivre les aventures de familles pour le moins aisées qui ont un langage assez soutenu, des structures de phrases assez travaillées que j’aurais parfois du mal à imaginer dire à voix haute. Je trouve dommage que tous aient eu la même typologie de langage, j’aurais essayé de travailler différemment les concierges-dames de ménage afin de donner un peu de relief au texte (mais qui suis-je pour juger, moi qui n’ai jamais réussi à passer le chapitre 15 de l’écriture d’un roman ?)

D’ailleurs, en parlant de chapitres, j’avoue avoir été perturbée par l’absence de numérotation. Rien de grave, de nouveau, mais je suis juste habituée à m’arrêter à la fin d’un chapitre lorsque je m’accorde un moment de lecture. Ici, je n’en ai que rarement eu l’occasion, j’ai dû parfois m’arrêter au milieu du texte étant donné la fermeture imminente de mes petits yeux !

Bref, je voudrais souligner le travail incroyable dont a fait preuve Sam Carda pour monter cette histoire pleine d’action(s), à prendre au singulier ou au pluriel. Si vous êtes amateurs d’histoires familiales, de secrets, de mensonges, de retournements de situation plus improbables les uns que les autres, plongez-vous dans cette trilogie, vous ne devriez pas être déçus.

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Pause Interview – Elizabeth Sutton – IDBOOX – Edition numérique et auto-édition

Pause Interview

Coucou à tous,
On se retrouve aujourd’hui pour une nouvelle interview. Cette fois, je vous propose d’en savoir davantage sur l’auto-édition et l’édition numérique grâce à Elizabeth Sutton, une des co-auteure de l’ouvrage « Publier son livre à l’ère numérique » (que je vous recommande chaudement!). Elle est également la créatrice d’IDBOOX, une mine d’informations sur l’actualité du livre numérique et les terminaux de lecture. Elizabeth est aussi consultante en édition, marketing et communication. Elle accompagne les auteurs indépendants dans le lancement de leur livre. Je la remercie beaucoup d’avoir accepté de répondre à mes questions lors de sa venue à Bruxelles !


  • Quelles sont pour vous les mutations les plus importantes dues au développement de l’édition numérique ?

Tout d’abord, par définition, un livre numérique ne peut pas être en rupture de stock ce qui est un avantage considérable. Ensuite, il est désormais possible de produire autre chose que des livres ePub, homothétique, et de faire du transmédia, du livre enrichi avec du contenu. Pour terminer, la possibilité d’exporter le livre beaucoup plus facilement qu’avant dans la mesure où cela coûte beaucoup moins cher. Un éditeur actuellement peut, s’il est un minimum à l’aise avec le marketing, directement communiquer vers l’étranger sans avoir à passer par la revente des droits (traduction) et sans passer par des cargos qui mettent plusieurs mois à arriver. C’est l’éditeur qui vend directement à l’étranger.

Ces trois mutations montrent que nous sommes dans des business model différents qui nous permettent d’inventer, d’innover, si les acteurs de la chaîne sont toutefois intéressés par l’innovation, ce qui n’est pas toujours évident pour tous.

  • Estimez-vous qu’à l’heure du développement numérique, la chaîne « traditionnelle » du livre est bouleversée ? Pensez-vous qu’elle puisse encore davantage se modifier à l’avenir?

Clairement oui, c’est désormais une volonté de tous les acteurs de la chaîne que ce soit l’auteur, l’éditeur, les diffuseurs, ils ont tous envie de proposer des choses innovantes. Les business model vont, par ailleurs, évoluer, je l’espère en tout cas. Concrètement, lorsque l’on commercialise un livre papier, il existe deux moyens de le vendre. En matière de livre numérique, j’ai détecté une vingtaine de modèles économiques avec chacun leur communication et leurs techniques marketing. Nous allons donc bien évidemment vers des évolutions que ce soit à la fois à travers les modes de lecture, les manières de lire mais aussi dans la façon de les commercialiser, de les distribuer, on parle beaucoup d’interopérabilité du livre numérique aujourd’hui. Par exemple, de nouvelles DRM sont étudiées en ce moment pour les rendre moins sclérosées qu’actuellement.

Nous allons donc évidemment continuer à évoluer que ce soit dans les contenus, mais aussi dans les contenants (montre connectée, réalité virtuelle,…). Ceux-ci créent de nouvelles réalités, comme l’apparition de la lecture courte, 5-10-15 minutes, le lecteur cherche le « court mais percutant », plutôt que les lectures de 1500 pages. Mais, dans un autre temps, il est également ravi de posséder ce genre d’ouvrages sur sa liseuse lorsqu’il part en voyage.

  • Votre vision actuelle de l’auto-édition est-elle différente par rapport à celle que vous aviez lors de l’écriture du livre ? Voyez-vous un changement dans les mentalités en un peu plus d’une année ?

Depuis la sortie du livre il y a un an, j’ai constaté qu’on a fait bouger les lignes, ce qui était un de mes objectifs. Je voulais premièrement montrer qu’on pouvait publier un livre chez un grand éditeur, ici Eyrolles, en format papier tout en gardant ses droits en numérique et l’exploiter en auto-édition.

Ensuite, le livre est sorti en janvier, en mars se déroulait le salon du livre de Paris et le SNE à qui j’avais eu l’occasion d’envoyer le livre, m’a contactée pour mettre en place une conférence sur l’auto-édition sur le stand du SNE alors qu’il avait toujours rejeté l’auto-édition. Cela a véritablement été un signal fort.

Je constate donc actuellement, un an après la sortie du livre, que l’auto-édition commence à entrer dans les mœurs. Alors qu’elle était précédemment perçue comme un phénomène, maintenant, elle commence à faire partie de la chaîne du livre. Sachant également que l’auto-édition n’est actuellement dans aucune statistique. Certains chiffres apparaissent suite à des regroupements d’indépendants mais rien n’est encore fiable. Le seul chiffre en France est celui de la BnF sachant qu’aujourd’hui, un auteur indé n’est pas obligé d’avoir un numéro ISBN. Mais c’est un marché ! On a des success stories. Certains auteurs font des cartons, à savoir, vendre plus de 2500 exemplaires et parfois des 15000, 20000 exemplaires, seuls !

Depuis la sortie du livre, il n’y a pas eu énormément d’évolutions mais on observe une certaine accalmie. On est davantage dans un bon compromis entre l’édition « traditionnelle » et l’auto-édition.

Je suis persuadée toutefois, même si aucun chiffre ne le montre, que l’auto-édition prend des parts de marché à l’édition traditionnelle. Davantage encore dans les pays anglosaxons où la chûte des ventes d’ebooks est indéniablement liée au développement de l’auto-édition qui est un énorme marché.

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  • Pourquoi selon vous l’auto-édition connait-elle une telle expansion que ce soit au niveau de l’écriture mais aussi en termes de lecture ?

Tout d’abord, on a la possibilité d’être publié, vendu et lu de façon très simple. On n’est plus du tout dans le modèle du « compte d’auteur ». Les outils sont désormais plus simples d’utilisation et globalement, si vous avez un manuscrit dans un tiroir et que vous le mettez en ligne sur une plateforme, en 24h, vous pouvez techniquement être lu. La rapidité des outils et la simplicité sont non négligeables. L’auteur n’a plus l’impression aussi d’être spolié par son éditeur du point de vue des droits d’auteur.

La proximité avec le lecteur est également beaucoup plus importante. Les réseaux sociaux permettent de rassembler une communauté autour de son livre.

Ensuite, vous le vendez beaucoup moins cher. Il est impératif de fixer un prix entre 3 et 5 euros pour un livre numérique, surtout si c’est votre premier, sans quoi vous risquerez vraiment de ne rien vendre. Ce prix peut également varier très facilement.

L’impression à la demande (POD) est également très intéressante. Alors qu’avec le « compte d’auteur » on payait 100 exemplaires à l’éditeur sans aucune garantie de les rentabiliser. La POD permet actuellement d’imprimer autant d’exemplaires que souhaité voire même un seul exemplaire sans que cela ne coûte de l’argent à l’auteur. Cela lui permet donc de toucher autant le lecteur papier que numérique ce qui est un avantage.

  • Quels sont pour vous les aspects positifs et négatifs de l’auto-édition ?

L’aspect positif est sans aucun doute la liberté. On a la possibilité de se faire publier et de se faire connaître relativement facilement. Dans l’absolu on touche des droits d’auteur quelque part plus important.

Les aspects négatifs sont, pour commencer, que cela ne suffit pas. Peut-être que publier était suffisant à l’époque pour les premiers auteurs auto-édités mais actuellement, une véritable concurrence se vérifie. Aujourd’hui, l’auteur qui n’investit pas un petit peu dans différents services n’y arrivera pas. Si la couverture n’est pas digne, que l’ouvrage n’est pas relu, il n’y aura aucun miracle. Si l’on pouvait tolérer quelques fautes d’orthographe et erreurs de syntaxe précédemment, elles sont aujourd’hui inimaginables vu la professionnalisation du secteur. Un auteur doit absolument décider, avant de choisir le prix de son livre, combien il est prêt à investir. Ses campagnes Facebook, par exemple, il est important de dresser le budget qu’on est prêt à leur accorder. Tous les auteurs ne l’ont pas encore compris ou s’ils l’ont compris, ils ont encore du mal à l’appréhender.

Un autre côté un peu plus négatif est qu’il devient de plus en plus compliqué de se faire voir sur les stores. Avant lorsqu’un auteur publiait sur KDP, la plateforme faisait tout pour le mettre en avant. Désormais, les mises en avant sont extrêmement rares sur Amazon. Sur Kobo, cela peut être un peu plus évident parce qu’ils sont encore en quête de part de marché.

Le côté auto-édition et les faibles coûts que cela nécessite, il fallait être naïf pour ne pas croire qu’on allait y arriver. La notion d’auteur-entrepreneur est véritablement dans cette philosophie, on devient le business man/woman de son livre. On n’est plus seulement un « auteur ». Ou alors, on devient un auteur-entrepreneur mais on apprend à déléguer certaines étapes, sachant qu’on ne saura pas tout faire si on a essayé mais qu’on voit que ça ne conclut pas.

  • Pensez-vous que tout le monde peut écrire ?

Dans l’absolu oui, c’est comme tout le monde peut peindre. Je trouve que c’est super de tenter le coup et de ne pas garder son manuscrit dans un tiroir. Il y a un côté transmission qu’il est important de relever, même si ce sont des histoires de fiction. A partir du moment où on réalise un travail correcte, où on ne se moque pas du lecteur qui est au bout de la chaîne et qu’on ne parle pas trop de son propre nombril. Pourquoi pas.

Tout le monde a aussi la possibilité de se publier mais on ne va pas rêver, nous n’allons pas tous devenir Marc Levy ou Marc Twain mais techniquement oui, tout est possible.

  • Quels est ou sont pour vous les qualités indispensables dont doit faire preuve un auteur auto-édité pour réussir ?

Ne pas avoir peur des mauvaises critiques et surtout l’accepter. Je connais un auteur qui est devenu fou à la première mauvaise critique de son premier livre.

Accepter de sortir du cercle amical avant de publier. Prendre des bêta-lecteurs est important, quelqu’un que je ne connais absolument pas. Il est important de retravailler son manuscrit avant de le publier.

Prévoir, faire le rétroplanning de son livre. Comme un éditeur traditionnel, il faut préparer le terrain, ne pas se laisser déborder. Accepter de ne pas vendre ou de publier un peu gratuitement pour faire parler de soi. Tous les auteurs n’y sont pas prêts, ce n’est pas évident.

Il est aussi important d’écrire régulièrement car écrire un livre demande un tel effort que les auteurs s’épuisent eux-mêmes, surtout les indépendants qui ont cherché à comprendre comment fonctionne la technique, à se lancer sur les réseaux sociaux. Du coup, ils mettent en attente leur première mission qui est d’écrire et de sortir un prochain livre dans les mois, années à venir. Le travail d’écriture est important.

Il est aussi nécessaire de s’informer, de voir ce qui se fait, ce qui se développe dans le domaine.

Ne pas hésiter aussi à se mettre un peu en avant, ne pas avoir peur de son travail et oser en parler, le montrer, intervenir lors de débats, afin de se créer un réseau. Faire du networking en tant qu’auteur auto-édité est super important.

  • Pensez-vous qu’il est préférable pour un auteur auto-édité de s’entourer pour réussir ?

Je pense que c’est très recommandé, ce n’est pas impératif mais c’est recommandé parce qu’on ne peut pas tout faire, même si on est un « couteau-suisse » on ne peut pas tout faire et il faut accepter de déléguer un peu. Tout du moins, si on ne s’entoure pas en rétribuant quelqu’un, il faut s’entourer d’autres auteurs qui vivent la même chose que vous pour ne pas se sentir complètement seul. La solitude de l’auto-édité peut aller plus loin que la page blanche de l’auteur « traditionnel ». Il faut être ouvert.

  • Quel est pour vous l’avenir de l’auto-édition ? 

Je pense évidemment que les outils vont s’améliorer. Je pense aussi à autre chose de génial dans le futur, le fait d’être accepté dans les bibliothèques, ce sur quoi je travaille actuellement. J’aimerais beaucoup qu’on trouve des moyens techniques de mettre en relation les indés avec les bibliothèques, je pense que c’est fondamental pour l’avenir de l’autoédition. Des gens ne sont pas prêts à mettre l’argent, même 2.99€, la bibliothèque peut le faire et exercer un rôle de facilitateur qui pourrait être un bon axe de valeur du marché.

L’avenir, c’est aussi qu’on ait des auteurs qui osent aller plus loin que le statique. Je pense que les outils vont également de plus en plus leur permettre d’y arriver. Les auto-édités devraient également développer la traduction des livres, ce qui demande évidemment un investissement. Mais des traducteurs se spécialisent dans les petits budgets et sortir son livre directement en trois langues : français, anglais espagnol devient possible. Si son livre commence à bien fonctionner, on peut également imaginer se payer les services d’un traducteur pour vendre worldwide.

Je pense aussi que l’auto-édition dans la BD va se développer car beaucoup de choses sont à faire. De nouveaux segments éditoriaux risquent aussi de se développer dans le futur.

J’espère que les surprises seront nombreuses car nous sommes encore très tôt dans le développement de l’auto-édition. Il y a huit ans, on n’aurait jamais imaginé qu’EL James aurait vendu 1 million de 50 Shades seule.

  • Vous évoquez dans l’introduction de votre livre qu’il est inutile d’opposer l’édition « traditionnelle » et l’auto-édition, pensez-vous qu’une collaboration peut véritablement naître entre ces différentes sortes d’édition ?

Oui, c’est clair. De toutes les manières, ça existe de facto d’une part avec les auteurs hybrides (indé et trad) et d’autre part, on a très bien vu que Michel Lafon et Gallimard, par exemple, sont tous aux aguets ! Plus on avance, plus je le vois. Dans l’absolu, la cohabitation est évidente. C’est comme les vieilles thèses qui disaient que l’ebook allait tuer le livre papier. Mais non. Aucune chronophagie n’est visible. Le côté natif, publier un livre papier avec un éditeur en gardant ses droits numériques, c’est un modèle qui doit et qui va se développer. Tout est négociable dans un contrat.


Voilà qui est terminé, j’espère que vous en avez davantage appris sur ces modèles d’édition en expansion que sont l’auto-édition et l’édition numérique. Je remercie encore Elizabeth Sutton pour son expertise dans le domaine !

Quant à nous, on se retrouve très bientôt !

Lovely Planète – Mirelle HDB

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Quel agréable moment de lecture je viens de passer ! Je remercie chaleureusement Mirelle pour l’envoi de son roman. Comme vous le savez certainement maintenant, j’écris mon petit mémoire sur l’auto-édition. J’ai lancé un appel sur Twitter à la recherche d’auteurs auto-édités intéressés par une petite interview. J’ai été plus que surprise par le monde qui m’a répondu positivement mais aussi de la grande gentillesse dont tous les auteurs ont fait preuve !

J’ai donc eu la chance de pouvoir déjà discuter avec Mirelle sur Skype et de lire son roman et laissez-moi vous dire que je suis vraiment ravie de m’être laisser tenter !

J’ai beaucoup aimé ce roman car il est très original, et ce, à plusieurs niveaux. Il présente d’abord des personnages aux prénoms on ne peut plus inattendus, aspect très cher à l’auteure qui possède elle-même un prénom très original. Ensuite, il présente une trame que j’aime particulièrement vu que nous suivons les personnages, qui ne sont à première vue pas liés les uns aux autres, mais qui finissent par l’être. Je ne sais pas si vous me suivez toujours ? Disons que ces personnages vont être amenés à se rencontrer l’un l’autre grâce à un livre qui va être transmis de mains en mains. Ce livre va leur apporter la sagesse dont ils ont besoin pour être véritablement eux-mêmes et arrêter de se cacher derrière des apparences trompeuses qui ne leur ressemblent aucunement. J’ai vraiment adoré le concept !

Ce roman est très court, mais il se laisse dévorer en une bouchée ! Je m’y suis plongée, par exemple, en attendant ma maman dans la salle d’attente du kiné et j’ai vraiment été happée par l’histoire. Si bien que, quand elle est ressortie du cabinet, je n’avais pas du tout vu le temps passer !

Après avoir discuté avec l’auteure, j’ai appris qu’elle avait beaucoup voyagé ! Et cela se ressent parfaitement dans son histoire. On voyage avec elle, à travers les yeux de ses personnages. Je me suis retrouvée à Berlin quand j’y étais il y a quelques mois et au Canada quand j’y étais il y a une dizaine d’années !

L’écriture est vraiment rafraîchissante, les mots se suivent avec simplicité. Ce roman était véritablement une jolie découverte ! Laissez-vous tenter, vous pourriez être surpris !

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